Nouvelles infos de Corse

BONJOUR,

Un petit mot pour vous faire part de mon ressenti vis-à-vis de l’évolution climatique qui est de plus en plus prononcé depuis deux ou trois ans.
Cette évolution liée au réchauffement climatique, qui peut encore en douter, bouleverse la saisonnalité.
Il y a trois ans nous avons subi entre le mois d’avril et mai des précipitations telles que nos cultures maraîchères ont subi d’énormes dégâts, au point de renouveler nos plantations de melons, tomates et autres trois à quatre fois.
Il y a deux ans l’automne fut tellement doux que j’ai prolongé au-delà d’octobre les récoltes de légumes d’été.
La précocité de maturité des agrumes en 2014 a permis de récolter les fruits avec 2 à 5 semaines d’avance.
Période de récolte des agrumes il y a 4 à 5 ans : CLEMENTINES de début novembre à fin février, ORANGES de début janvier à fin mars, POMELOS de début mars à fin août.
Cette année CLEMENTINES de fin octobre à fin janvier, ORANGES de début décembre à fin janvier, POMELOS depuis la mi-janvier. En conséquence de quoi, si cela persiste, il sera alors envisagé de procéder à un rapprochement des expéditions toutes les trois semaines.
Je suis confronté aujourd’hui comme tant d’autres à une inconnue sur la réactivité de la faune face à ce dérèglement climatique. Quand la majorité des habitants de notre pays et de bien d’autres se félicitent de ces beaux jours qui permettent de prendre les apéritifs et les repas en terrasses, nous sommes un certain nombre à nous inquiéter de l’avenir de notre métier.
L’inquiétude qui m’envahit n’est pas sur ce constat immédiat mais est liée à la pérennisation de ce réchauffement pour les années futures.
Autre phénomène encore plus alarmant, l’inflorescence qui habituellement apparait début mars pour les agrumes commence à poindre aujourd’hui. Il serait désastreux que l’hiver puisse pointer le bout de son nez maintenant. Les photos figurant en pièces jointes prises le 6 février 2016 témoignent de cette précocité.
Les arbres ont forcément besoin d’un repos végétatif qui ne peut avoir lieu que si les températures se rapprochent de zéro pendant un certain temps. Nous sommes loin du compte aujourd’hui puisque elles oscillent entre 5° et 18°. A ces températures le sol ne se refroidit pas et les racines continuent de faire leur office.
Habituellement je réalise les plantations d’arbres fruitiers fin février voir mars. La plantation des orangers en novembre 2015 qui pour le pépiniériste était une aberration fut pour moi comme une évidence au vu des températures qui avoisinait les 28° à 30° avec malgré tout un risque que je réduisais en les plaçant sous chenilles.
Je réaliserai une plantation en mars afin de pouvoir comparer le développement des arbres. Il est de plus en plus vrai que l’observation de l’évolution d’un verger va être primordiale dans les prochaines années. L’anticipation, la réactivité, l’observation vont être des facteurs déterminant à la bonne conduite d’un verger. C’est à ces conditions que je pourrai vous faire bénéficier de mes fruits le plus longtemps possible même si un autre facteur que je n’ai pas cité vient encore accroitre mon inquiétude.
Depuis novembre nous n’avons enregistré qu’une précipitation de l’ordre de 15mm. Le barrage de l’Ospédale qui nous permet d’irriguer pendant la saison estivale est à sec. Si la pluie ne pointe pas le bout de son nez je serai contraint la semaine prochaine d’irriguer les pomelos. Si l’arbre subit un stress hydrique il se rabat sur les fruits qui eux perdent alors leur jus et s’assèchent. C’est ce qui s’est passé pour les dernières clémentines.
Le plus inquiétant serait le manque d’eau dans le barrage avec des restrictions en juin, juillet et août ce qui aurait une incidence désastreuse pour les légumes et les fruits d’été mais aussi pour les agrumes. Alors souhaitons un retour de cette eau si indispensable à notre vie.
Sur ce je vous laisse à votre méditation.

Cordialement, votre producteur.

 

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Updated: 10/03/2016 — 10:09
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